Après la publication du premier rapport en 2015, le deuxième rapport mondial bisannuel sur les coopératives des secteurs de l’industrie et des services (2015-2016) est disponible. Ce rapport se base sur une nouvelle méthodologie, qui combine des études qualitative et quantitative et davantage de recherches documentaires internes, dans le but de rendre compte de l’évolution de son réseau, lancé en 2004, et de dresser un portrait général du mouvement au sein de ce secteur, au niveau mondial.
Le rapport présente les principaux chiffres actuels relatifs à notre secteur, au sein du réseau de la CICOPA, mais également en dehors. Il étudie la croissance des entreprises et les tendances qu’elle suit depuis deux ans au sein du réseau. En outre, le rapport décrit brièvement la situation actuelle de l’entrepreneuriat coopératif des jeunes et l’implication des coopératives des secteurs de l’industrie et des services de la CICOPA dans l’économie verte, en présentant quelques exemples. Il donne par ailleurs un aperçu des principaux défis et perspectives des coopératives faisant partie du réseau CICOPA ainsi que des questions politiques que les membres considèrent cruciales au niveau national, et celles que traite la CICOPA au niveau international.
À partir de l’ensemble de données utilisées pour le document « Coopératives et emploi : Deuxième rapport sur l’emploi » (septembre 2017), le rapport estime que, dans le monde et au-delà du réseau CICOPA, quelque 377 984 coopératives sont actives dans les secteurs de l’industrie et des services et fournissent près de 20 millions d’emplois, alors que le nombre de coopératives du réseau de la CICOPA s’élèverait à 65 000, lesquelles fourniraient quelque 4 millions d’emplois. Ces chiffres tendent à indiquer que la CICOPA a encore beaucoup de travail devant elle pour renforcer son réseau au niveau mondial.
S’agissant des données quantitatives relatives au réseau de la CICOPA, le nombre de coopératives analysées pour ce rapport représente environ 82 % du nombre total de coopératives représentées par la CICOPA. Parmi les coopératives examinées, les coopératives de travailleurs sont largement majoritaires (74 %). Les coopératives sociales et de producteurs représentent respectivement 17 % et 1 %. Il semble très important d’essayer de mieux comprendre le modèle des coopératives de producteurs, qui ne sont pratiquement pas représentées dans le réseau de la CICOPA. Ceci est particulièrement important à un moment où de nouvelles formes de travail et d’emploi apparaissent, surtout via des plateformes en ligne, et auxquelles les coopératives doivent apporter une réponse, au plus vite.
En ce qui concerne leurs activités économiques, les coopératives de travailleurs de la CICOPA sont principalement actives dans la manufacture (22,5 %), le commerce de gros et de détail (14,5 %) et la construction (10,2 %), alors que les activités les plus répandues pour les coopératives sociales sont la santé et l’action sociale (46,3 %), l’éducation (12,7 %) et les services administratifs et de soutien (9,7 %).
Quelles sont les tendances de la croissance des entreprises observées au sein du réseau ces deux dernières années ? De manière générale, le rapport identifie des tendances entrepreneuriales positives ou stables. De manière plus précise, les activités en matière de santé, d’action sociale et de services semblent être celles qui connaissent la plus grande croissance. Toutefois, des signes de ralentissement économique par rapport à la période bisannuelle précédente (2013-2014) ont été observés, principalement en Amérique du Sud (Argentine, Uruguay et Colombie) et en Europe de l’Est (Pologne, Roumanie et Bulgarie). Il semble donc qu'une double tendance affecte ce secteur d’activité : le secteur des services affiche de meilleurs résultats que l’industrie, qui souffre quelque peu, surtout au niveau de la manufacture et de la construction.
Il convient de souligner que nous observons un intérêt croissant au sein de notre réseau pour le modèle des coopératives sociales, spécialisées dans la prestation de services d'intérêt général (services sociaux et environnementaux, éducation, culture, etc.) ou dans l’intégration sur le marché de l’emploi de travailleurs défavorisés ou marginalisés (personnes handicapées, chômeurs longue durée, anciens détenus, toxicomanes, etc.). Par ailleurs, il semble qu’un intérêt se développe pour les secteurs de l’innovation, comme les technologies de l’information et de la communication, ou les activités liées à l’économie verte. Les chiffres ne reflètent toutefois pas encore pleinement ces tendances prometteuses, et il faudra leur porter une attention particulière dans les années à venir.