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La 63e session de la Commission du développement social (CSocD63) du 13 février s’est concentrée sur la promotion de la solidarité et de la cohésion sociale par le biais des coopératives et de l’économie sociale et solidaire (ESS). Organisé par le Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (UNDESA) en collaboration avec le Comité pour la promotion et le progrès des coopératives (COPAC), l’événement a examiné le rôle des coopératives dans l’accélération de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et certains des obstacles rencontrés. L’Alliance coopérative internationale a collaboré étroitement avec les organisateurs soulignant le rôle des coopératives en tant qu’agents de justice sociale et en partageant les plans du mouvement pour accroître son impact, en particulier cette année, par le biais de comités nationaux de mise en œuvre de l’Année internationale des coopératives.
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Des représentants des gouvernements de Mongolie, de France, d’Uruguay, du Chili, du Burkina Faso et du Burundi ont partagé les expériences de leur pays en matière de développement de l’ESS et de célébration de l’Année internationale des coopératives. Le Vice-ministre des politiques sociales du ministère du Développement social du Paraguay, Carlos Jorge Paris Ferraro, a souligné que le secteur coopératif représente 12 % du PIB du pays. M. Ferraro a mentionné certaines des mesures prises par son gouvernement pour soutenir le secteur, telles que la création d’un département de l’économie sociale et solidaire, l’adoption d’une stratégie pour l’ESS et la collaboration avec l’Université nationale d’Asunción pour intégrer l’économie sociale et solidaire dans les programmes scolaires.
Le représentant permanent de la Mongolie auprès des Nations unies, Ankhbayar Nyamdorj, a également donné un aperçu des politiques coopératives de son pays. En avril 2024, le gouvernement a lancé un nouveau programme coopératif pour soutenir le secteur agricole mongol. Dans ce cadre, des prêts d’investissement d’un montant total de 200 millions de dollars ont été accordés à plus de 20 400 éleveurs de 4 853 coopératives. Le gouvernement a également transféré 9,3 millions de dollars aux banques commerciales pour subventionner les intérêts et il s’efforce d’aider les coopératives à accéder à l’assurance et à adopter des normes de sécurité alimentaire, de santé animale et d’agriculture.
Le renforcement des capacités est un autre domaine d’action, avec 1 500 membres de coopératives participant à une formation de renforcement des capacités dispensée par le gouvernement avec le soutien de l’université nationale. Le gouvernement mongol estime qu’il y a d’autres questions à traiter, comme le développement de coopératives basées sur des pôles de développement régionaux, l’amélioration du renforcement des capacités, notamment en ciblant les jeunes, et le soutien aux initiatives de recherche.
La session a également entendu le témoignage de Maxime Baduel, le délégué ministériel en charge de l’Économie sociale et solidaire (ESS) de la France, un pays où le secteur représente 10 % du PIB et 14 % de l’emploi privé. M. Baduel a fait valoir que l’ESS est un secteur innovant et a souligné le rôle de l’État dans l’encouragement et le soutien des acteurs de terrain, leur permettant d’innover, de s’organiser et de se développer.
Il a expliqué que les coopératives de travail associé en France ont tendance à être plus résilientes que les autres types d’entreprises, tandis que les sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCI) sont plus à même d’identifier les besoins locaux en réunissant les collectivités locales, les entreprises, les usagers et les employeurs.
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« Développer notre ESS est un levier fort pour atteindre les ODD et il devrait être encouragé par ce comité » a-t-il déclaré. « Ce développement doit impliquer un cadre réglementaire législatif pour structurer cet écosystème et garantir la mise en place d’instruments financiers et de renforcement des capacités. Il s’agit également de promouvoir ces structures auprès des institutions financières et du monde économique [..] de construire des politiques publiques et de veiller à ce qu’elles soient en adéquation avec l’ESS ».
L’Alliance coopérative internationale (ACI) a également pris la parole lors de la réunion, avec son responsable des politiques, Joseph Njuguna, soulignant le rôle des coopératives en tant qu’« agents de justice sociale, d’autonomisation des communautés, de réduction des inégalités et de promotion des changements à la base ». L’ACI mobilise les dirigeants des coopératives pour présenter une charte coopérative mondiale et un plan d’engagement lors du prochain deuxième Sommet mondial pour le développement social, décrivant comment les coopératives peuvent s’associer aux gouvernements, aux agences des Nations unies et à d’autres parties prenantes clés pour trouver des solutions et accélérer les progrès vers les ODD.
« Nous sommes donc impatients de renforcer notre partenariat avec le système des Nations unies, les gouvernements et d’autres acteurs clés pour accroître l’impact, en particulier cette année, par le biais des comités nationaux de mise en œuvre de l’Année internationale des coopératives » a déclaré M. Njuguna.
Ses commentaires ont été repris par la représentante de la jeunesse de l’ACI, Ana Aguirre, qui a déclaré que les coopératives n’étaient pas seulement résilientes, démocratiques, axées sur la communauté et participatives mais aussi créatrices de richesses.
Les coopératives « comblent également naturellement le fossé entre les générations dans leur travail quotidien », a-t-elle ajouté.
Elle a également plaidé pour que les coopératives investissent dans la jeunesse et a exhorté les États membres à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies permettant de favoriser la création d’écosystèmes plus favorables aux coopératives. Les ONG Inclusivity Project et Children and Youth International ont également évoqué le rôle des coopératives dans le renforcement des communautés et ont exhorté la Commission à envisager le modèle d’entreprise coopérative avant le Sommet de la jeunesse des Nations unies.
La session s’est poursuivie avec des questions et des interventions des délégués des Nations unies du Chili, du Burkina Faso, du Burundi et de l’Union européenne.
Dans leurs commentaires finaux, les intervenants ont réitéré l’importance de reconnaître l’ESS et de créer des bases de données et des statistiques, d’impliquer les jeunes, de fournir un accès au financement, d’identifier des normes fiscales adéquates pour le secteur et d’impliquer la société civile dans l’élaboration des politiques publiques.
L’enregistrement (en anglais) de la session est disponible ici.
Photo: UNDESA