Le 33e Congrès mondial des coopératives dont le thème était « Approfondir notre identité coopérative » a initié un processus de consultation pour explorer la compréhension de la Déclaration par les coopérateurs et d'évaluer sa résistance à l'épreuve du temps.
La Conférence mondiale des coopératives de l'ACI a permis d'approfondir la réflexion sur la manière de réaffirmer l'identité coopérative, en s'appuyant sur les enseignements de la consultation.
Discours en plénière et lancement mondial du livre « Coopératives en action : des entreprises avec des principes et des valeurs qui changent le monde ».
Le Dr Ariel Guarco, président de l'ACI, a ouvert la discussion en annonçant la sortie de son livre « Coopératives en action : des entreprises avec des principes et des valeurs qui changent le monde ».
La présentation du livre a été suivie d'une allocution de Mme Kendra Pristin, jeune coopératrice philippine, membre du programme jeunesse Aflatoun-NATCCO, géré par la coopérative laboratoire de la zone jeunesse DCCO.
Elle a expliqué le partenariat entre le réseau NATCCO et Aflatoun pour promouvoir les coopératives dans les écoles. Elle a également souligné l'importance de l'épargne dès le plus jeune âge, ajoutant qu'Aflatoun organise des activités et des événements ludiques pour acquérir de nouvelles compétences et se faire de nouveaux amis. « Mes professeurs ont eu une influence considérable sur moi » a-t-elle déclaré.
La plénière comportait deux panels : le premier explorait les perspectives issues des consultations de l'ACI sur l'identité coopérative, le second se concentrait sur les dimensions pratiques de l'identité coopérative.
Panel III.A : Perspectives issues des consultations mondiales de l’ACI sur l’identité coopérative
Lors de la table ronde, Mme Alexandra Wilson, membre du conseil d’administration de l’ACI et présidente du groupe consultatif sur l’identité coopérative de l’ACI, a présenté certaines des principales conclusions des consultations mondiales de l’ACI sur l’identité coopérative. Elle a également partagé l’expérience du Canada, ajoutant que les coopérateurs ayant participé aux discussions de consultation étaient très intéressés et impliqués dans le processus.
Le panel comprenait des coopérateurs de différentes régions qui ont partagé leur vision de l’identité coopérative.
M. Doug O’Brien, président-directeur général de la National Cooperative Business Association (NCBA-CLUSA), a déclaré que la consultation avait permis à son organisation d’engager des discussions importantes avec ses membres, les communautés et d’autres organisations. M. O’Brien a également évoqué l’importance de la sensibilisation et de l’apprentissage. « Nous avons constaté qu’il existe un certain niveau d’appréciation et de compréhension de l’identité coopérative, mais ce niveau de compréhension n’est pas très élevé » a-t-il déclaré, ajoutant que son organisation s’attacherait à améliorer l’engagement auprès de la communauté coopérative aux États-Unis et à faire en sorte que les coopératives se sentent impliquées dans le débat.
Le Congrès 2026 de l'ACI offrira l'occasion d'un engagement plus approfondi et de davantage de commentaires autour de l'identité, a-t-il ajouté.
M. Hyunha Kim, responsable de l'équipe de planification politique d'iCOOP, a présenté le point de vue de son pays sur l'importance de l'identité coopérative.
« Le véritable pouvoir des coopératives réside dans l'association des personnes » a-t-il déclaré.
Mme Maria Eugenia Perez Zea, présidente du conseil d'administration du groupe d'entreprises coopératives Coomeva (Colombie), a souligné l'importance de cette déclaration comme « pilier fondamental » pour sensibiliser les acteurs du gouvernement et du secteur public aux coopératives. Elle a ajouté que l'identité est essentielle pour faire la différence entre les coopératives, en tant qu'entreprises centrées sur l'humain, et les autres entreprises. Elle a également averti que lorsque les coopératives oublient cette dimension humaine, elles perdent leurs membres.
Les organisations faîtières coopératives du Japon et d'Italie ont également profité de la consultation pour engager leurs mouvements dans un débat approfondi sur l'identité.
Mme Francesca Ottolenghi, responsable des relations internationales, de l'internationalisation et de la coopération au développement chez LegaCoop Nazionale (Italie), a expliqué comment son organisation a adopté une approche en deux étapes pour la consultation. La première étape consistait à organiser des discussions informelles et participatives avec les coopérateurs de tout le pays. La seconde consistait à leur demander d'exprimer leur point de vue sur les valeurs et principes coopératifs. Ce processus a conduit en 2024 à l'introduction d'une nouvelle valeur coopérative, la durabilité qui appelle à la protection de la planète dans une perspective intergénérationnelle.
M. Kenki Maeda, directeur général du Département de la coopération entre coopératives de l'Alliance coopérative japonaise (JCA), a déclaré que la consultation était l'occasion de comprendre les aspirations des coopératives japonaises pour l'avenir. L'une des principales conclusions de ces discussions était que les membres estimaient que les coopératives devaient s'engager davantage auprès des communautés locales, notamment dans le contexte du vieillissement de la population.
La séance a été suivie d'une présentation de l'ouvrage du Dr Ariel Guarco qui met en lumière la mise en pratique des principes coopératifs. Il présente 28 études de cas coopératives, des plus grandes aux plus petites.
« Pour transcender les choses, il faut les écrire » a déclaré le Dr Guarco.
L'ouvrage examine la manière dont les coopératives font face aux défis mondiaux, en coproduisant et en consommant de manière responsable, en étant présentes pour leurs membres et leurs communautés, en fournissant des technologies centrées sur l'humain et en favorisant l'inclusion des groupes défavorisés.
« L'identité coopérative nous donne les outils pour créer une société différente, pour la transformer et garantir un monde plus inclusif où personne ne reste à l'écart » a-t-il déclaré. Il a ajouté que le livre avait été édité par une coopérative, publié par une autre coopérative et traduit par une autre coopérative.
Martin Lawery qui a préfacé le livre du Dr Guarco a salué son engagement envers le mouvement coopératif et a soutenu que les coopératives offrent des solutions aux défis mondiaux.
« Si nous croyons vraiment pouvoir faire une réelle différence dans cette trajectoire, je pense que nous sommes tous d'accord » a-t-il déclaré.
Panel III.B Vivre notre identité coopérative
Le deuxième panel a exploré les dimensions pratiques de l'identité coopérative dans le contexte mondial actuel.
La modératrice Melina Morrison, PDG du Business Council of Cooperatives and Mutuals en Australie, a souligné l'importance de ce débat face à l'évolution rapide des réalités économiques, environnementales et politiques. La session s'est concentrée sur la manière dont les coopératives peuvent rester fidèles à leurs valeurs tout en s'adaptant aux nouveaux défis.
Mme Aicha Errifaai, directrice générale de l'Office pour le développement des coopératives (ODCO) au Maroc, a présenté plusieurs défis auxquels les coopératives sont confrontées pour préserver leur identité, notamment le maintien de leur mission tout au long de leur croissance, l'utilisation abusive du label coopératif par les entreprises en quête d'avantages fiscaux ou réglementaires et le décalage croissant avec les jeunes générations. Pour y remédier, elle a recommandé la mise en place de cadres juridiques solides définissant l'identité coopérative, une surveillance gouvernementale pour garantir une pratique coopérative authentique, un contrôle des entreprises se convertissant à des structures coopératives et des évaluations internes régulières du respect des valeurs et principes des coopératives. Elle a également fait valoir que des incitations devraient être offertes aux coopératives qui incarnent authentiquement les principes coopératifs et que le sixième principe coopératif, la coopération entre coopératives, peut servir de garantie pour l’identité coopérative.
Satish Marathe, représentant de l'Inde et membre du Groupe de travail du G20 sur les coopératives, a souligné le rôle du secteur dans la promotion du développement durable. Il a appelé les coopératives à éviter une consommation excessive de ressources naturelles, à encourager une utilisation prudente des infrastructures et des services, à promouvoir des modes de vie durables et à faibles émissions, à garantir les moyens de subsistance tout en promouvant la responsabilité environnementale, et à mobiliser les réseaux coopératifs pour agir collectivement et de toute urgence.
M. Erbin Crowell, membre du conseil d'administration de NCBA-CLUSA et directeur exécutif de la Neighboring Food Co-op Association (NFCA), a souligné l'importance d'ancrer l'identité coopérative dans la législation et les politiques. Il a également cité l'exemple de l'adoption réussie d'une résolution aux États-Unis qui protège l'identité juridique des coopératives, empêchant ainsi toute utilisation abusive ou représentation trompeuse du modèle coopératif. Il a conclu en appelant à un environnement juridique favorable qui protège les valeurs coopératives et garantisse que l'identité soit plus qu'une simple étiquette.
Mme Anne-Laure Desgris, co-PDG de Smart en Belgique, a décrit comment sa coopérative aligne sa mission sur l'identité coopérative grâce à des pratiques inclusives et démocratiques. Elle a mentionné des initiatives telles que des ateliers multilingues qui facilitent l'accès à l'éducation coopérative et la mise en œuvre de processus décisionnels démocratiques de haut niveau qui renforcent le contrôle des membres.
Mme Ann Hoyt, professeure émérite à l'Université du Wisconsin-Madison et dirigeante coopérative de longue date, a réfléchi au rôle des coopératives dans la promotion de la paix. Elle a soutenu que les valeurs coopératives telles que l'équité et l'égalité sont essentielles à la cohésion sociale et que les coopératives sont porteuses d'espoir en raison de leur rôle dans la promotion d'une participation équitable et l'instauration de la confiance. Elle a expliqué que si les principes guident l'action, ce sont les valeurs sous-jacentes qui confèrent aux coopératives leur pouvoir éthique d'être des agents de paix.
Dans ses remarques finales, Melina Morrison a réitéré la nécessité d'un engagement profond et concret envers l'identité coopérative.
Photo principale : Mme Kendra Pristin, jeune coopératrice des Philippines.
